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4 Janvier 2010

La charité

 

La charité… Mais qu’est-ce ? Petite définition : Dans le langage ordinaire, la charité est une vertu qui porte à désirer et à faire le bien du prochain. C'est un acte inspiré par l'amour du prochain, bienfait, aumône[]. Dans le langage des théologiens, amour surnaturel de Dieu pour lui-même et du prochain comme créature de Dieu[]. Rappelons aussi que la charité est l'une des trois vertus théologales dans le christianisme, (aux côtés de la foi et de l'espérance). C'est la vertu reine des vertus : l'amour de Dieu et du prochain. Saint Thomas d'Aquin ira jusqu'à dire qu'elle est la forme de toutes les vertus théologales.

La mise en pratique de la vertu de charité à l'égard du prochain est une œuvre de bienfaisance, un don, une aumône. Il s'agit alors d'une initiative privée désintéressée, dictée par la foi. Elle consiste à décider d'offrir du temps, un service, de l'amour, de l'argent, etc. à une personne dans le besoin. Le terme désigne d'une façon générale la vertu qui porte à faire le bien d'autrui.

            Le mot « charité » est la francisation du latin caritas, -atis, signifiant d'abord cherté, puis amour. C'est par «caritas» que saint Jérôme, dans sa traduction latine de la Bible, rend le mot grec agapê du Nouveau Testament. Dans le christianisme, la charité est la vertu théologale par laquelle on aime Dieu par-dessus toute chose pour Lui-même, et son prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu.

            La charité (ou amour) est, dans une perspective chrétienne, la vertu théologale par laquelle on aime Dieu par-dessus toute chose pour Lui-même, et son prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu. La charité assure et purifie la puissance humaine d’aimer et l’élève à la perfection surnaturelle de l’amour divin.

            A noter que Saint Paul a donné une définition de la charité : « Sans la charité, je ne suis rien… ».

            Pour cerner mieux ce qu’est la charité, on pourra méditer sur la parabole du Bon Samaritain :

Evangile :Luc, 10, 30-37

Jésus reprit la parole et dit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba dans les mains des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups et s'en allèrent, le laissant à demi-mort. Un Sacrificateur (un chef religieux chargé des sacrifices au temple de Dieu), qui fortuitement descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite (un religieux chargé d'expliquer la loi), qui arriva aussi dans ce lieu, l'ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain (un habitant du nord de la Palestine, méprisant les habitants du sud - là où est Jéricho- et méprisé par eux), qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu'il le vit. Il s'approcha et banda ses plaies... puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers (une forte somme), les donna à l'hôte (c'est-à-dire au gérant de l'auberge) et dit : aie soin de lui et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour ». Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des birgands ? C'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : « Va et toi, fais de même ».

            Alors petit débriefing sur cette parabole par une homélie du père Christian Faimonville (disponible sur Internet)où nous allons pouvoir approfondir tout ce que nous aurions voulu savoir sur ce texte et qui nous a toujours été caché !

Les attitudes différentes face à la situation

a) Ne condamnons pas le prêtre et le lévite qui passent sans s'arrêter : c'est aussi chacun de nous. Ils ont d'abord été surpris dans leur projet par un événement imprévu devant lequel ils n'ont pas pu ou su gérer leurs réactions, oubliant même le commandement de l'amour du prochain qu'ils connaissent par coeur. Or, notre vie quotidienne est souvent tissée de situations précises, particulières, inattendues.

b) Le samaritain a su faire face : il a vu, il s'est laissé émouvoir ; il ne tient pas compte de son horaire qui retarde son voyage. Il nous révèle qu'aimer c'est être en éveil, attentif à l'imprévu. Il a laissé son coeur libre devant le malheur de l'autre. Il n'a pas décidé en fonction de lui-même, mais en fonction de celui qui avait besoin de son aide.
A travers l'exemple du Samaritain, Jésus nous montre que le discernement consiste à la fois dans la connaissance des principes qui nous aident à nous repérer dans la vie et dans l'acceptation de l'imprévisible même dont la vie est aussi faite.

Les caractéristiques de la charité 

1- Aimer, c'est FAIRE : l'amour passe par les actes, c'est aussi dans notre relation à Dieu.
Le samaritain ne s'est pas penché du haut de son cheval sur cet homme blessé, en lui disant : "Oh ! mon pauvre vieux, comme tu es mal en point et comme tu me fais pitié... alors au revoir et bonne chance !

Regardons ce que fait le samaritain : 9 gestes ou actions.
Il s'approche, il bande ses plaies, il verse de l'huile et du vin, il le charge sur sa propre monture, il le conduit à l'hôtellerie, il prend soin de lui ;  le lendemain, il tire deux deniers et les donne à l'hôtelier, en disant : prend soin de lui, tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai à mon retour.

L'amour vrai est un service réel, un service concret, efficace, compétent. L'amour n'est pas un sentiment, une vibration de l'épiderme, un enthousiasme passager. Aimer, c'est faire.
Attention à l'idolâtrie de l'efficacité : nous ne pouvons pas être toujours sur la brèche : nous avons besoin de repos et de détente.

Il existe des situations de détresse que nous ne pouvons pas prendre en charge, seuls. Sous prétexte de charité, on veut aider telle personne, mais par manque de compétence on peut faire les pires erreurs. Un discernement est nécessaire.

2 -L'amour authentique n'a pas de frontières, il s'adresse à tout homme quel qu'il soit, simplement parce qu'il est un homme dont la route croise la mienne en quelque manière et même s'il m'est inconnu.
Le juif blessé était un inconnu pour le samaritain qui passait. C'est là qu'éclate l'universalité de la charité qui ne fait acception de personne, qui ne reste pas confinée dans le cercle restreint de ceux qui ont la même culture, qui appartiennent au même milieu.
L'amour s'adresse à tout homme, même aux ennemis.
Non seulement le juif blessé est un inconnu pour le samaritain mais en outre il est un ennemi (depuis le schisme après la mort de Salomon). Nous retrouvons là un critère majeur de l'authenticité de notre vie chrétienne : l'amour des ennemis. (Non seulement je t'aime parce que tu m'aimes, mais je t'aime et je ferai pour toi tout ce qui m'est possible). Ici éclate la gratuité de l'amour, il n'attend pas de réciprocité, il joue à fonds perdus.

3 - L'amour authentique s'approche de l'autre
A travers la parabole, Jésus retourne la question du docteur de la Loi.
- La question n'est pas de savoir qui est mon prochain, de définir les autres à partir de moi, comme si j'étais le centre du monde. Mais la question devient : que vais-je faire pour me rendre proche des autres et d'abord de ceux qui vivent le plus souvent auprès de moi ? De qui vais-je m'approcher, me rendre proche aujourd'hui ?
Car, finalement, c'est moi qui suis le prochain.
Lorsque je découvre le besoin profond de l'autre et que j'accepte de venir auprès de lui ou lorsque j'accepte que s'approchent de moi ceux qui ont besoin d'être écoutés, réconfortés, soutenus dans l'épreuve.

4 -L'amour concret doit être magnifique, généreux et non pas mesquin
Le samaritain ne fait pas le minimum, il a fait tout ce qu'il pouvait, il a fait les choses largement : c'est la magnificence du geste de St Thomas d'Aquin. Dans la Somme Théologique, il oppose magnificence et mesquinerie. Celui qui fait preuve de magnificence est tourné vers l'oeuvre à faire et il dit : "pourvu que l'oeuvre soit belle, j'irai jusqu'au bout. Le mesquin lui, tourné vers lui-même, dit : l'oeuvre sera ce qu'elle sera, pourvu que j'en fasse le moins possible.

5 - L'amour authentique doit être cordial
Ce n'est pas parce que nous avons pansé les plaies d'un malheureux que nous l'aurons aimé, je peux soigner un malade sans le regarder... Le samaritain est ému de compassion, il fait preuve de cette qualité d'être profonde qu'est la cordialité.
Dans ce que nous faisons, c'est la mise en oeuvre de nos capacités d'affection, de sympathie, d'empathie, de bonté profonde, de chaleur humaine qui rectifie ce que nos actions comportent de trop utilitaire, et qui tend à la relation vraie, à l'amitié, à la communion.

Conclusion
A l'homme, laissé à ses seules forces, c'est impossible : il importe donc de "contempler le Christ pour obtenir l'amour". (2) Et comme l'ont fait les Pères de l'Eglise, accueillons cette parabole dans toute sa profondeur spirituelle.
En Jésus, le bon samaritain, c'est Dieu le premier qui se fait le prochain de l'homme. Jésus, le Fils bien-aimé, a quitté le sein du Père pour venir sur la terre. Il a vu l'homme, à demi-mort, blessé par le péché. Il s'est fait tout proche de lui.
Aucune blessure ne le laisse indifférent. Il panse les plaies du voyageur que nous sommes, une à une avec l'huile et le vin de sa très douce miséricorde. Puis il le porte lui-même, comme le Bon Pasteur porte sa brebis égarée et le hisse sur sa propre monture.
Jésus sait ce qu'il en est lui-même, par amour pour notre humanité blessée, il s'est mis à voyager sur les routes humaines au péril de sa vie. Rien ne lui est étranger de notre détresse.
Pour prendre soin de l'homme blessé, il le conduit dans une bonne auberge : l'Eglise. Et le lendemain, avant de repartir, il donne à l'aubergiste deux bonnes pièces d'argent : ce double trésor de l'Eucharistie et du sacrement du pardon, capables de guérir et de transfigurer nos coeurs et nos corps.

Ainsi en venant en ce monde, ému de compassion, Jésus s'est rendu solidaire, s'est fait proche de tout homme. Il nous révèle : le coeur du Père et sa compassion pour l'homme blessé, tombé ; combien la vie de tout homme a du prix a ses yeux, le prix de sa propre passion et quelle est la dignité éminente de toute personne humaine. Contemplons d'abord Jésus et laissons l'Esprit-Saint travailler notre coeur pour qu'il y enracine toujours plus profondément les qualités du coeur du Christ notre Seigneur.

 

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